Par Hugo Wroblewski - Le 1er juin 2021
Interview de Jean-François GERARD, Dirigeant de l'organisme de formation BM Conseil
De quelle manière vos clients ont-ils été impactés par la crise sanitaire ?
Je pense qu’il y a autant de perceptions et de vécus qu’il y a d’entreprises, d’établissements et de services. Au sein d’une même entreprise, j’ai constaté que les perceptions des employés ont été très différentes d’une équipe à l’autre. C’est la posture et la capacité de l’équipe managériale à accompagner cette crise sanitaire dans son management, sa communication et son organisation, qui ont été déterminantes.
Cela étant dit, nous pouvons identifier deux invariants. Tout d’abord, les collaborateurs ont davantage adopté une posture « adulte » en télétravail ou quand ils ont dû travailler dans des conditions dégradées. Ils ont eu davantage d’autonomie et de liberté, moins de contrôle de la part de leurs managers.
D’autre part, les collaborateurs ont ressenti davantage de distance et un « abandon » relatif de leur entreprise du fait de la détérioration des liens formels et informels au travail.
Quelle est la place des liens sociaux au travail ?
Je crois que les gens ont découvert toute l’importance des liens au travail. Ce n’était pas évident quand nous n’avions pas encore fait l’expérience de cette distance du lien social. L’éloignement, avec le masque ou à la maison, crée une difficulté.
On entend souvent que les Français sont détachés, fainéants, ou encore peu motivés. Pour autant, le travail occupe une place très importante dans l’équilibre psycho-affectif de l’individu. Ce sont bien les liens formels et informels qui ont un rôle essentiel dans cet équilibre.
Comment ressortir de cette période plus fort ?
En chinois, le mot crise se définie par la conjonction de deux idéogrammes qui veulent dire danger et opportunité. Dans la culture asiatique, on retire forcément quelque chose de positif de la crise. C’est dans l’ADN de BM Conseil de rechercher le positif de cette crise pour que nos clients puissent élaborer une vision séduisante de l’avenir dans leur entreprise.
Le management de demain sera-t-il différent de celui d’hier ?
Oui nécessairement ! On ne peut pas être à nouveau dans une posture d’« enfant » (dans l’obéissance et le respect formel de la hiérarchie) quand on a été adulte. Ce serait sûrement une position confortable pour les collaborateurs et pour les managers qui y verraient un retour au bon vieux temps, mais cela ne générera pas de la motivation à moyen terme.
Je crois que le management de demain doit être créateur de liens. Il doit permettre plus d’autonomie et de liberté, mais aussi plus de soutien. Cela peut être paradoxal, mais c’est ce qui fait la complexité et l’intérêt d’un management moderne.
Est-ce que le manager doit être dans une posture de coach dorénavant ?
Je crois que le manager doit trouver un équilibre : il y a des domaines où il donne la direction, communique, encourage, félicite et sanctionne. Il y a d’autres domaines où il peut laisser davantage de liberté, en se positionnant dans une posture de coach.
La crise a montré de belles réussites liées à l’autonomie et l’agilité des collaborateurs, l’enjeu est de conserver et de capitaliser sur cette agilité en dehors d’une situation exceptionnelle de crise.
Quels sont les risques d’un retour à la normale qui n’est pas anticipé ?
Le risque est que tous ces efforts n’aient servis à rien. Contrairement à l’idée reçue, les collaborateurs acceptent de travailler durement, de faire des efforts et même de souffrir (nous expliquons le sens de ce terme en formation, qui est différent de la souffrance charnelle) … mais à plusieurs conditions : cela doit être utile et accompagné d’une reconnaissance des efforts consentis.
La difficulté et la souffrance sont presque consubstantielles au plaisir. Une équipe de football aura davantage de satisfaction à gagner après les prolongations dans la difficulté et l’effort, que pendant les 90 minutes réglementaires.
En formation, nous donnons du sens aux épreuves endurées par les collaborateurs pour trouver tout ce qu’il y avait de positif et d’utile.
Présentation de Jean-François GERARD
Je suis Coach et Formateur professionnel en management. J’exerce ce métier grâce à une grande expérience de management opérationnel dans différentes situations et contextes. J’ai participé à des ouvertures d’entreprise, des changements d’enseigne dans des contextes fluides et tendus socialement. J’étais à chaque fois en charge du management d’une équipe qui atteignait jusqu’à 150 personnes. J’ai poursuivi ma carrière en devenant formateur en management pour les cadres d’un grand groupe français de la grande distribution.
Mon rôle s’adapte en fonction des situations que je rencontre. Les managers en entreprise ont développé une forte agilité, mon métier de formateur évolue également vers davantage d’agilité : je ne peux pas me contenter d’être uniquement formateur, conseiller ou coach. J’utilise le rôle le plus efficace, que ce soit en formation ou en coaching, en fonction de la situation et du besoin de mes clients.
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